vendredi 30 mars 2012


TURANDOT
de Bertolt Brecht

Texte français Armand Jacob / Mise en scène Mirabelle Rousseau / Dramaturgie Muriel Malguy / Lumière Laïs Foulc / Scénographie et costumes Clémence Kazémi / Son Didier Léglise et Sylvie Gasteau / Régie son Didier Léglise / Régie générale Esther Silber / Avec Nicolas Cartier, Matthias Girbig, Estelle Lesage, Emilie Paillard, Etienne Parc, Muriel Malguy, Mirabelle Rousseau, Grégoire Tachnakian 

Ce spectacle a été présenté au Théâtre A. Vitez d'Aix en Provence (2007), au Collectif 12 de Mantes la jolie, à la Maison Heinrich Heine à Paris, au Théâtre des Quartiers d'Ivry, au Figuier Blanc à Argenteuil, à l'Université Paris Ouest Nanterre, au Festival d'Avignon Off (entre 2007 et 2012) et récemment au Festival Dijon en mai (mai 2013)

Turandot est la dernière pièce de Bertolt Brecht, restée en partie inachevée : elle traite de marchandisation de la pensée et de la vente des opinions. Dans Turandot, l’empereur convoque les Tuis lors d’un grand congrès afin qu’ils expliquent et justifient au peuple une brusque dévaluation du coton - dans une improbable Chine de comédie. Les "Tuis", ce sont les Tellect- Uel-In, les In-Tellect-Uels, les blanchisseurs d’opinions à la solde du pouvoir. Brecht s’interroge sur le phénomène de langue de bois et sur l’inefficacité de lala pensée intellectuelle  dans une société capitaliste décomplexée. Le texte, dans son inachèvement, rend compte et témoigne d’un chaos théorique total. Comment hériter de cette interrogation et comment faire usage de cette forme théâtrale aujourd’hui ? La représentation se constitue comme une expérience dramaturgique collective, un "théâtre-brouillon" dans lequel on joue vite, on s’interrompt, on biffe, on commente, on change d’avis… on reprend !



Turandot, extrait  

HI WEI : Majesté, Messieurs ! Cela me fait chaud au cœur de vous présenter, comme premier orateur, le recteur de l’université impériale, profondément aimé de toute notre confrérie, monsieur Ki Leh.  
KI LEH : Auguste famille impériale, illustre congrès ! Le coton, lana arboris, est produit par les bombacées, c’est à dire, les cotonniers, végétaux aux feuilles digitiformes, portant des fleurs sur leurs tronc et leurs branches. Il se présente sous la forme d’une masse duveteuse et floconneuse, que l’on file pour en tisser des textiles vestimentaires, essentiellement destinés aux couches les plus pauvres de la population. Vénérable assemblée, la disparition sur nos marchés de cette masse, de cette lana arboris, et par conséquent des tissus de coton, nous a réunis en cette salle. Bon ! prenons d’abord le peuple en considération. Considérons le avec témérité, sans peur, sans préjugé. On a, en diverses circonstances, reproché à certains savants d’avoir constaté certaines différences, d’avoir cru devoir affirmer qu’il existait au sein du peuple certaines inégalités, oui, nommons les choses telles qu’elles sont, des inégalités, des intérêts divergents, etc…Bon ! Permettez moi de vous avouer que moi-même, peu importe qu’on me le reproche ou non, cette opinion, je la partage. Pensons-y, une forêt n’est pas simplement une forêt, elle est formée d’arbres divers. De même le peuple n’est pas simplement le peuple. De quoi se compose-t-il ? Bon ! Il y a les fonctionnaires, les plongeurs de restaurant, les propriétaires terriens, les fondeurs d’étain, les marchands de coton, les médecins, et les boulangers. Il y a les officiers, les musiciens, les ébénistes, les viticulteurs, les avocats, les bergers, les poètes et les maréchaux-ferrants. Sans oublier les pêcheurs, femmes de ménage, mathématiciens, artistes peintres, bouchers, épiciers, chimistes, veilleurs de nuit, gantiers, professeurs de langues, policiers, jardiniers, journalistes, potiers, vanniers, garçons de café, astronomes, pelletiers, marchands des quatre saisons, glaciers, vendeurs de journaux, pianistes, flûtistes, tambourinaires, violonistes, accordéonistes, citharistes, violoncellistes, altistes, trompettistes, joueurs d’instruments en bois, marchands de bois et experts en bois. Et qui n’a entendu parler des ouvriers de la régie du tabac, des ouvriers de la métallurgie, des ouvriers bûcherons, des ouvriers agricoles, des ouvriers du textile, des ouvriers du bâtiment, des architectes et des marins ? il y a encore d’autres professions, tisserand, couvreur, comédien, footballeur, océanographe, tailleur de pierre, rémouleur, attrapeur de chiens, aubergiste, bourreau, scribe, facteur, banquier, roulier, sage-femme, tailleur, mineur, valet de chambre, sportif, et employé du fisc. Agitation dans la salle. Bon ! J’ai peut-être été un peu trop exhaustif, trop précis, trop scientifique. Pourquoi ? Pour montrer que tous ces gens si divers, ou dirons nous prudemment que la majorité d’entre eux, ceux qui n’ont rien, ont en commun, qu’ils…  
UNE VOIX : Qu’ils n’ont rien !



Production  : Le T.O.C Le Théâtre Antoine Vitez à Aix-en-Provence, le Collectif 12 - Mantes-la-Jolie.  Avec l’aide à la production de la DRAC Ile-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication. Avec le soutien de la DMDTS, de l’ADAMI et avec la participation artistique du Jeune Théâtre National. L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. Télécharger le dossier ici.

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